Peindre
la mer, c'est pour moi avoir encore le goût du sel sur les
lèvres.
Sentir au plus profond de soi l'empreinte des embruns, des paquets
de mer
et en restituer l'énergie
et le souffle sur la toile. C'est se souvenir de la douceur
d'un petit ressac, sentir encore la caresse de l'écume
sur son corps avant de plonger sous la vague et en rechercher
toute
la délicatesse
dans sa peinture. C'est garder un vif souvenir de cette palette de couleurs
enchanteresse aperçue dans les reflets changeants
ou dans une transparence fugace qui a laissé deviner
une profondeur attirante.... Ces souvenirs, ces sensations,
n'ont pas de réalité tangible.La vision que nous
avons de la mer n'est qu'une illusion... On
croit la voir, mais c'est un miroir qu'elle nous tend, un miroir
dans
lequel on
retrouve
pêle-mêle
toutes ces mouvances et le reflet de nos états d'âme.
C'est la représentation de ce mirage, cet instant
suspendu qui disparaît
au moment où il est vu, de cette atmosphère indicible, qui
constitue l'essence de ma recherche : la suggestion du ressenti, d'un
ensemble qui échappe
au seul domaine de la représentation réaliste, se garde de
toute recette d'atelier et nous plonge dans l'espace de la peinture pure
avec tout ce qu'elle entraîne
de subjectivité et de liberté.
Une fiction qui amalgame ces impressions, ces sentiments, tous ces éléments
visuels et sensoriels qui auront retenu mon attention et touché au coeur.